Une rue, quelque part dans une ville. Comme dans toutes les rues, de toutes les villes, des passants arpentent le trottoir en jetant des coups d’œil aux vitrines éclairées. Derrière ces vitrines, des femmes. Elles attendent. Elles attendent qu’un passant s’arrête. Alors, elles lui feront signe d’entrer, par une porte sur le côté. Le reste se passera derrière la vitrine, à l’abri des regards des autres passants, ceux qui ne se sont pas arrêtés.
« Le tout, c’est de lui en donner pour son argent. »
La vitrine est un théâtre. Sur cette scène, tout est étudié, parfaitement à sa place. Elles jouent leur rôle, celui qui s’impose. Pourtant, dans ce décor de faux-semblants, pour un court instant, le mur de verre tombe et laisse échapper des petits bouts d’elles. Des petits bouts d’elles que, confinées dans leur image, elles ne donnent jamais à personne…
Elles parlent, un peu, Par bribes. De leur travail, de ces passants qui s’arrêtent et de ceux qui ne s’arrêtent pas. De cette vitrine, étroite maison factice, exposée à tous les regards. Et, parfois, d’elles-mêmes, comme par mégarde, quand ça leur échappe. Entre leur rôle, leur vie rêvée et la réalité, il n’y a qu’une vitre.
Agnès Yobrégat
Vous pouvez retrouver Mademoiselle sur le site de la compagnie Place des Arts.